Tout est calme au pays de Godmanchester…
Tout le pays de Godmanchester est immobile sous sa couverture de neige. Ce matin, il faisait -27 degrés sous un soleil aveuglant. Le vent d’hier a laissé trois pieds de neige, compacte comme de la styromousse, devant la porte de garage.
Je suis allé porter de l’eau tiède aux bêtes et je les ai gardées à l’intérieur de l’étable où le thermomètre marquait -16. Esméralda, Molly et Matante Robéa, ainsi que les trois poules, n’en semblent pas trop incommodées. Pas d’engelures jusqu’ici. Elles doivent quand même avoir hâte que la vague de froid se termine.
Mine de rien, elles nous préparent le printemps. Pour Robéa, la chose est pas mal certaine: nous attendons un ou deux agneaux pour la mi-mars. Quant à Esméralda, elle nous est revenue de son séjour chez Whisky le bouc avec, sur le dos, d’évidentes traces du tampon marqueur que l’on fixe au poitrail du mâle pour vérifier si la saillie a eu lieu… mais nous n’étions pas là pour constater. Si c’est fructueux, ce serait pour le début d’avril. Pas moyen de savoir à l’avance, à moins de faire passer une échographie chez le vétérinaire. Pour Molly, nous avons décidé d’attendre à l’an prochain. On achètera un jeune bouc au printemps, qui pourra féconder les deux chèvres à l’automne avant qu’on ne l’amène lui-même à l’abattoir (comme chez les mantes religieuses !)
Molly finit par s’intégrer assez bien au troupeau. Elle a découvert la puissance de ses cornes et elle s’en sert pour s’assurer sa part du gâteau, ou plutôt du grain dont les bêtes raffolent. Autrement, les trois filles font bon ménage.
Les poules nous ont inquiétés un moment, elles perdaient leurs plumes en quantité. Heureusement nous avons Storey’s guide pour nous apprendre qu’une mue normale survient, en même temps qu’un arrêt dans la ponte, vers ce temps de l’année. Drôle d’idée de muer au plus creux de l’hiver! Mais ça repousse à mesure et elles recommencent même progressivement à pondre.
Noël à la Maison Bleue
Merci, Ti-Brin, de nous avoir offert de si bonnes choses! Ceux d’entre vous qui étaient à mon vernissage ont pu goûter aux triangles d’agneau au cari, qui ont failli voler la vedette aux tableaux de l’exposition. Mais il était tout aussi succulent en côtelettes grillées, en moussaka, et surtout en gigots que nous avons servis à notre nombreuse descendance pour Noël. Et il en reste encore plein le congélateur.
Noël à Godmanchester: Cinq des six enfants, trois beaux-enfants, quatre petits-enfants: la Maison Bleue commençait à ressembler vraiment à ce lieu de retrouvailles auquel j’avais rêvé lorsque nous nous y sommes installés. Quatorze à table et douze à coucher.
Esméralda, patronne des Arts
Esméralda par Geneviève de Bray (détail)Y a pas à dire, elle est inspirante, cette Esméralda! Après son portrait par Geneviève de Bray, dont plusieurs d’entre vous ont reçu la reproduction en carte de Noël, voici que ma petite soeur Marie-Antoinette m’envoie de Waterloo (le vrai Waterloo, Waterloo, morne plaine, où Napoléon a mordu la poussière), non pas un, mais deux portraits à la Chagall, où il y a non seulement Esméralda, mais une bonne représentation de toute l’arche de Noé qui anime notre retraite à la Maison Bleue!
deux fois, par Marie-Antoinette Belpaire
Esmée n’a pas pu s’empêcher d’y figurer en vedette, évidemment, me mettant bien malgré moi en évidence également. On voit aussi ma muse, la Douce France, ainsi qu’un autre ange, qui s’occupe à apporter le chevreau à venir. Matante Robéa et Ti-Brin complètent la délégation. On voit que ma soeur a bien saisi l’essence de notre situation ici. (Cliquez ici pour voir d’autres tableaux de Marie-Antoinette Belpaire dans sa galerie virtuelle.)
Une autre représentaion me vient de ma soeur Anne, dans une aquarelle de style plus naturaliste:
par Anne BelpaireJ’ai tenté moi-même de jeter sur la toile une image du troupeau gambadant dans le pré en arrière de la maison, en voici un aperçu, incluant un petit bout de clôture électrique:
Avec ça, je ne peux pas passer sous silence le portrait d’Esméralda par les Postes Françaises, sur un timbre récent qui lui est consacré:
Mon pays, c’est l’hiver
Quand le soleil se lève sur le frimas, tout étincelle de lumière. Comment capter ça sur une toile? Il y a de quoi faire damner un peintre.
J’expérimente actuellement avec des gels acryliques et des couleurs transparentes sur plexiglas, pour tenter de peindre directement avec de la lumière. Ça fait comme du vitrail, mais avec l’empâtement et la touche de la peinture… C’est à suivre.
Ne tuez pas la beauté du monde…Pour combien de temps encore jouirons-nous de toutes ces merveilles? Nous lisons actuellement « Mal de terre », d’Hubert Reeves. Rien de vraiment neuf: le réchauffement de la planète, la pollution galopante, la diminution de la biodiversité, la concentration des richesses, l’inconscience et l’insouciance des dirigeants et de tout le monde… Mais comme c’est bien documenté!
Que faire pour que nos petits-enfants puissent encore profiter des beautés du monde? C’est notre préoccupation majeure de ce temps-là.
Dans cette optique, on m’a signalé un petit film d’animation intéressant sur l’industrialisation de l’élevage, accessible sur le web: http://www.themeatrix.com/ Je vous le recommande.
Adieu, Tommy
Une nouvelle triste, encore: Tommy le schnauzer nous a quitté. Il avait le coeur malade depuis longtemps, mais depuis quelques jours, il ne pouvait même plus se coucher sans se mettre à râler. Il a fallu lui donner la piqûre.